Last Updated on 18 mars 2021 by Solcito
Il paraîtrait que l’amour, c’est à la plage (tcha tcha tcha) ou tout au moins dans les coins photogéniques du globe. Certes, mais les coups de cœur peuvent aussi naître ailleurs, loin du sable fin et des pavés impeccablement alignés. C’est sans doute ainsi qu’est né mon crush pour le royaume du Nord, alors que l’hiver était en train d’arriver. Si je pensais faire une croix sur lui en quittant Paris pour m’installer à 600 bornes au sud, ce ne fut finalement point le cas. J’eus ainsi l’occasion de me balader gaiement en Belgique, au Pays-Bas et bien-sûr dans le fief du Pas-de-Calais. Après deux séjours à Lille, c’est à Lens que je posais mon paquetage pour 48h en charmante compagnie. Ce dernier voyage chez les Lensois fît battre mon petit cœur de Girondine un peu plus fort. Conviée par la team #EnFranceAussi dont je t’ai déjà maintes fois parlé ici, je te raconte mon histoire avec une bourgade qui a un cœur gros comme ça (<=énorme).
Acte I : la rencontre
Mon très cher Lens, c’est devant ta petite gare que je te rencontre pour la première fois. Si de l’extérieur, la station SNCF ne paye pas de mine (pour ceux qui n’auront pas remarqué qu’elle a la forme d’une locomotive) l’intérieur rend hommage à ton histoire avec les fresques d’Auguste Labouret. Nous ne nous connaissons pas encore mais un coup d’œil suffit pour remarquer que tu t’es fait beau pour nous. Ici comme ailleurs, tu es en train de faire peau et murs neufs, sans doute pour mieux nous séduire. Quelques minutes ici et je sens que le courant passe bien entre nous.
Tu es déjà en très bonne compagnie lorsque je débarque en cette nuit d’octobre. Attablés devant les jus d’houblons du bar La Loco, trois nordistes et beaucoup de Parisiens papotent gaiement. Une joyeux melting-pot bruyant et chaleureux que je suis ravie de revoir ou de rencontrer.
Parmi cette team de 15 personnes, je suis celle qui vit dans la région la plus éloignée de toi. Aussi, pour m’accueillir comme il se doit, tu mets les petits plats dans les grands en me régalant d’une délicieuse carbonnade. Si cette spécialité vient de tes voisins flamands, les frites ont été concoctées avec amour dans ton arrière-cuisine. Des sourires, des blagues et quelques bières plus tard (le combo-gagnant) il est temps de t’abandonner pour te retrouver lorsque le jour sera venu.
Acte II : F(i)er(e) de Lens
Les Lensois y croient dur comme fer et ils ont raison : t’as de beaux cieux tu sais ? Le cliché de la météo tristounette est balayé en un tour de rideau au petit matin. Un petit déjeuner plus tard, nous sommes en route pour faire ta connaissance. L’horloge indique 9h et des maroilles, autant dire le crépuscule pour un samedi matin, mais je suis bel et bien réveillée, prête à te découvrir sous toutes tes coutures.
Premier arrêt devant une institution locale que je rêvais de découvrir depuis la pose de première pierre. Le plus célèbre musée parisien t’a choisi pour poser ses valises et ses œuvres d’art, au nez et à la barbe d’autres villes plus sexy. Dès l’extérieur, le petit fillot du Louvre prouve qu’il a tout d’un grand, et que la taille ne se compte ni en centimètres, ni en mètres carrés loi Carrez. Impeccablement intégré à son environnement extérieur (un immense parc installé à la place d’une cité minière), le bâtiment brille par sa sobriété et son élégance.
Après un tour dans les coulisses présentés au public derrière des vitres (<= la bonne idée que voilà), la Galerie du Temps nous attend. Chacune des œuvres de la collection permanente a élu domicile dans cette salle gigantesque. En un coup d’œil, nous avons accès à ce que l’homme a fait de mieux, depuis qu’il a appris à se servir de ses mains jusqu’en l’an 2010 et des brouettes. Tout au fond, le Pavillon de Verre restera néanmoins un mystère pour cause de fermeture. Une belle excuse pour venir te revenir te voir dans les mois à venir.
En attendant, l’expo temporaire « Amour » met tout son cœur pour nous faire passer un moment romantique. Proposée jusqu’au 21 janvier 2019, l’exhibition nous mène au royaume du plus célèbre bébé nu ailé de la mythologie. Sculptures antiques, tableaux plus ou moins anciens, photos olé olé… L’amour se décline sous en 7 chapitres à mesure que nous avançons à travers les époques : séduction, adoration, passion, plaisir, fusion… L’occasion de croiser quelques œuvres de renom, à l’image du « Verrou » de Fragonard ou de la « Vénus » de my beloved Niki de Saint Phalle. Je ressors conquise, malgré de grosses interrogations suscitées par la place de la femme (soumise, voire plus) dans certaines représentations.
Louvre-Lens – 99 rue Paul Bert 62300 Lens. Navette à la gare toutes les demi-heures (une petite vingtaine de minutes à pied sinon).
Entrée gratuite dans la Galerie du Temps où tu pourras profiter à certaines heures d’explications express autour de certaines œuvres. L’expo Amour est en revanche payante (10 euros). Note que de nombreux événements sont organisés autour de l’expo en question. Toutes les infos ici > https://www.louvrelens.fr.
Acte III : Premiers émois (et toi et toi mon toi)
Toutes ces découvertes, cela creuse, ce qui pourrait me rendre d’humeur chafouine. Mais je décide de ne pas en faire tout un fromage et file avec ma troupe m’attabler chez ta copine Cathy, reine des spécialités locales dont la sauce au maroilles, ma nouvelle passion du week-end. Ne sois pas jaloux, nous avons encore beaucoup à partager toi et moi durant ces prochaines 24 heures.
La peau du ventre bien tendue (+ 34 kgs au compteur dont 12 rien qu’en regardant le menu), nous partons découvrir l’ancienne cité Saint-Théodore posée aux portes du Louvre-Lens pour tout savoir de la vie des mineurs et de leur famille. Détruits pendant la guerre, certains édifices ont été reconstruits à l’identique. Idéal pour comprendre l’histoire de cet ancien site d’extraction de charbon.
Deuxième étape de cette balade organisée par le Louvre : la découverte du riche patrimoine Art Déco du centre ville de Lens, entièrement (et joliment) reconstruit après la guerre. Pilastre en ciment moulé, bow-window, ferronnerie, pignons, corbeilles de fleurs… Tous ces éléments racontent à nos yeux la fonction des bâtiments que nous croisons au fur et à mesure de nos pérégrinations dans tes rues animées. Dernière étape et pas des moindres : un coucou à ton stade mythique Felix Bollaert, désespérément silencieux en ce jour de match à l’extérieur. Qu’importe, nous irons boire des bières ailleurs, à quelques mètres au dessus de la terre pour oublier cette déception.
Visite guidée « Lens, mine d’Art Déco » – Du mercredi au samedi à 14h30 (sauf les 23, 24, 25 et 31 décembre, 1er janvier et 1er mai). Départ du point d’accueil touristique du Louvre-Lens. Durée 1h45. De 3 à 6€. Réservation obligatoire.
Acte IV : Aperi-terril au 7ème ciel
La nuit, tous les terrils sont gris (le jour aussi, remarque mais ce n’est pas le sujet). Il est temps de s’envoyer en l’air en tout bien tout honneur avec l’un des terrils jumeaux de Loos-en-Gohelle, alors que le soleil commence doucement à aller voir de l’autre côté de l’hémisphère s’il y est. Formées par une accumulation de résidu minier (schiste, grès carbonifère et résidus divers et variés) ces collines artificielles sont devenues de véritables attractions locales au fil des années. Il faut dire que la promenade couplée à la vue à 360° sur la ville à quelques centaines de mètres en apesanteur a de quoi motiver celles et ceux qui auraient bien apéroter dans un bar en ville.
Rendez-vous entre chien et loup (et même chauve-souris) pour un apéri-terril fromages et binouzes. Tout ce petit monde s’est mis en quatre pour nous aider à déplacer, non des montagnes, mais nos derrières afin de les hisser jusqu’au sommet. Une petite heure sera nécessaire pour mener à bien notre mission, à la lampe frontale ou de nos smartphones déchargés, en basket ou en tongs. Lorsque nous atteignons enfin le point culminant (à plus de 180 mètres s’il vous plait) tes lumières brillent de dizaines de milliers de feux comme pour nous féliciter de cet exploit.
La soirée s’achèvera à trinquer, rire, manger, croiser un hérisson, parler et goûter des spécimens locaux de bières et de fromages dont le bien nommé Fort-de-Lens. Le genre de fromage qui a des poils aux bras et ne laissera pas ton haleine indemne (mais crois-moi, elle ne t’en voudra pas).
On s’invite à l’apéro – Tél : 03 21 67 66 66.
Note que tu peux également t’offrir une ascension des terrils de jour, par toi-même ou en visite guidée.
Sache également que l’on prononce « terri « sans le L, au risque de passer pour ce que tu es (un gentil touriste).
Acte V : Never forget
C’est dans une ambiance glaciale au petit matin que nous abordons le sujet de ton passé. Il faut que l’on parle et tu le sais, mais sache que jamais je ne te jugerais. Chez toi, nous sommes au cœur d’un bien triste décor : celui de la Première Guerre mondiale, la Der des Ders qui ne fut pas la der du tout. A travers plusieurs lieux de mémoire, tu as décidé de dévoiler, témoigner et raconter l’horreur avec pudeur.
Premier arrêt au Mémorial de Vimy, terre de nos amis canadiens, posé sur les hauteurs de Givenchy-en-Gohelle. A quelques kilomètres de là, le cimetière de Notre-Dame-de-Lorette, la plus grande nécropole de France, et l’Anneau de la Mémoire. Silencieux, nous déambulons dans le cercle des soldats disparus, chacun cherchant son nom parmi les centaines de milliers gravés sur la pierre froide. Parce que le rire est sans doute la seule arme contre les atrocités, nous sourions à la vue d’un Harry Potter ou d’un Brad Pitt dans les patronymes de ceux qui ont combattu pour la liberté.
Le cœur lourd, nous pénétrons dans l’enceinte du Mémorial’ 14-18 Notre-Dame de Lorette (ex Lens’ 14-18), prêts à en découdre avec cette partie bien sombre de l’histoire. Mais c’est l’Amour qui nous y accueille, encore lui. Celui de Délit Maille pour les hommes qui ont sacrifié leur vie il y a plus de 100 ans. Avec ses aiguilles, son talent, et l’aide de 499 tricoteuses + 1 tricoteur, l’artiste a redonné vie à 781 soldats. 780 poupées de laine sans visage posées à même le sol. Ensemble, toutes les nationalités marchent dans la même direction, celle du soldat inconnu. Unique petit soldat à avoir un visage et des yeux, il peut les regarder avancer, posté en haut de son socle.
Terminée le 11 novembre, l’expo « Wool War One » a beaucoup voyagé depuis le début du Centenaire de la Première Guerre : Grand Palais à Paris, Piscine de Roubaix, Montréal… Lens était le dernier arrêt du bataillon avant que chaque fantassin ne prenne une retraite bien méritée au sein du foyer qui l’aura adopté. Les bénéfices de la vente seront reversés à une association qui intervient en zone de guerre. Quelques centimètres de finesse dans un monde de brut.
Si les petits poilus ne sont plus là lors de ton passage, sache que les milliers de photos, récits et objets du Mémorial prendront le relais pour te raconter l’inracontable, car il le faut.
Mémorial de Vimy – Route départementale 55, Chemin des Canadiens, 62580 Vimy
Nécropole nationale de Notre-Dame-de-Lorette – 2 Place de Notre Dame de Lorette, 62153 Ablain-Saint-Nazaire. Tél. : 03 21 29 30 62
Anneau de la Mémoire – D58E3, Chemin du mont de Lorette, 62153 Ablain-Saint-Nazaire
Mémorial’ 14-18 Notre-Dame de Lorette – 102 Rue Pasteur, Parking par/by « Chemin de Lens », 62153 Souchez. Tél. 03 21 74 83 15 (entrée gratuite)
Mon très cher Lens, un grand merci pour ce moment dans ta ville chaleureuse et cœur-lorée, à des années lumières de son image triste et sans intérêt. Je t’ai quitté pour mieux un jour te retrouver. Sois-en certain, notre histoire ne fait que commencer.
Prologue : Week-end à Lens, les infos pratiques
Pour y filer : Un train ou un Blabla à destination de Paris si tu vis dans la belle province, puis à peine 1h de train depuis la capitale, au départ de la gare du Nord.
Pour que tes nuits soient douces : Le moins que l’on puisse dire, c’est que L’Arbre a de la branche. Posté à environ 45 secondes à pied de la gare, cette chambre d’hôtes propose des hébergements jolis et confortables. A partir d’une centaine d’euros la chambre double. 85 bis Rue Jean Letienne, 62300 Lens. Tél. : 03 21 67 06 86. https://www.les-chambres-de-larbre.fr/
Pour que ta peau du ventre soit bien tendue :
La Loco : 105 Rue Jean Letienne, 62300 Lens. Tél. : 03 21 28 21 21
Chez Cathy : 220 Rue Paul Bert, 62300 Lens. Tél. : 09 61 63 95 57
Oh Sapristi : 15 rue Diderot, 62300 Lens. Tél. : 03 61 19 12 05
Food Tour disponible auprès de l’Office du Tourisme de Lens : équipé d’une planche et de coupons, pars déguster les spécialités des commerçants partenaires (café, fromage, gourmandises diverses et variée) : 24.50€ (34.50€ pour 2).
Pour décrocher une mine d’infos sur Lens : www.tourisme-lenslievin.fr/
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Ce joli week-end à Lens a été réalisé dans le cadre d’un rendez-vous En France Aussi, avec l’aide de l’Office de Tourisme et du Patrimoine de Lens-Liévin et sa cheftaine Florence que je remercie chaleureusement pour son accueil et sa bonne humeur. Je reste bien entendu libre de mes propos.
22 commentaires
Voilà une lettre d’amour qui vient du coeur, teinté d’humour comme pour mieux cacher ses sentiments.
J’ai été touchée que tu remontes pour visiter Lens, je le suis plus encore après la lecture de ce billet.
Tu remontes quand tu veux, saches que tu auras toujours un taxi à ta disposition pour continuer à explorer des Hauts de France
Bises
Chacha
(et avec une aussi belle adresse que la tienne qui s’apprends parcoeur sans le savoir, n’hésiste pasà me faire signe quand tu seras en manque de Maroilles #DealerDeMaroilles )
Je suis en manque de Maroilles, au secours (=> blague à part, il m’en reste encore un peu mais je me bougerai les fesses pour aller en chercher moi-même haha).
Ma chère Chacha, merci pour ce joli commentaire qui me va droit au cœur (décidément celui là, il aura pris cher).
Je reviendrai, sois en sûre. Rendez-vous au stade FB, bisous.
Nous sommes content de t’avoir vu durant l’apéro avec les #BlogueursHdF ! Le patrimoine historique dans le Bassin Minier est très intéressant et complet. Vive les Hauts-de-France ^^
Ravie également d’avoir pu échanger avec autant d’autochtones ce soir-là ;) Vous pouvez être fiers de vos terres.
La rencontre avec le hérisson, point d’orgue de ce weekend :) Si tu fais une balade en haut du terril la nuit, non seulement tu apprendras plein de choses mais tu croiseras des petites bêtes toutes mignonnes en redescendant! (à mon avis, le hérisson était programmé juste pour nous!)
Je n’en doute pas pour le hérisson… mais je n’ai point croisé de petites bêtes choupinettes en redescendant (à part une chauve-souris).
Tu en as vues toi ? (smiley perplexe)
Quelle belle déclaration d’amour ! Lens ne laisse personne indifférent, ça c’est sûr ! Il y a tout ce qu’on aime là-bas (et même ce qu’on aime moins, comme le Fort de Lens ^^). Des Lens-ations fortes ! (Désolée).
A une prochaine !
Alors +1000 déjà pour le jeu de mot (je sens qu’on va bien s’entendre).
Mais je ne peux pas te laisser dire ça sur le Fort de Lens qui a donné tout ce qu’il avait ce soir là.
A une prochaine avec plaisir :)
quelle belle déclaration
oups j ai raté le hérisson moi
à la prochaine
Oui, le hérisson est dur en affaire. Le hérisson ne se montre qu’aux personnes qui partent en mission nocturne dans les gîtes posés à côté des terrils.
(=> on l’a croisé à l’Ecole Buissonnière).
Merci pour ton commentaire Tania
une déclaration d’amour tellement émouvant, j’ai été ravie de te rencontrer et de poursuivre par cette lecture d’un billet si doux. Des jolis mots posés sur ma ville, quel plaisir de la voir à travers ta plume ! J’ai trouvé un nouveau blog dont j’attendrais impatiemment les nouvelles parutions, à très bientôt dans le nord ou dans le sud !
Je suis ravie d’avoir émue une autochtone.
Merci pour ce si gentil commentaire qui va me faire pleurer à mon tour haha.
Et au plaisir de te recroiser dans le Royaume du Nord ou du Sud Ouest :)
Tu manies l’humour et l’amour avec autant d’habileté que tu grimpes les terrils ! Voici un article excellent à lire.
Au plaisir de recroiser ta route !
Je grimpe les terrils avec difficulté, surtout quand il y a l’apéro qui nous attend à côté haha.
Merci beaucoup Tiphanya, j’espère également recroiser la tienne !
Très bel article, et bien sûr très belle déclaration d’amour, ça donne envie de repartir !
Merci miss, moi aussi j’irais bien retraîner en tongs du côté de Lens ;) On y va ?
Superbe expo découverte dans les premiers jours de décembre. Quand on aime une fois … Et toujours un grand plaisir d’arpenter a pied et à vélo la terre lensoise.
Ravie de voir que tu partages mon avis sur cette jolie ville de Lens cher Nicolas.
En te remerciant pour ton commentaire !
En réalité après vérification j’y étais un peu plus tôt du 28 au 30 novembre 2018. :-D
[…] m’étais déjà baladée sur un terril, avais bouloté des kilos de maroilles mais je n’avais jamais rencontré une famille de […]
[…] du seul musée au monde à proposer simultanément ces trois ensembles d’art. Preuve, avec le Louvre Lens, que la région se défend comme une reine en matière de […]
[…] à taille humaine, des levers de soleil grandioses et tout plein de choses dont je te parle dans ma ode à la ville de Lens. Aujourd’hui, j’y retourne avec toi pour te parler de deux sujets ô combien important […]