Il y a quelques années, je posais le pied pour la première fois à Lens, petite ville du Pas-de-Calais. J’y découvrais une population très attachante, des fromages qui embaument le frigo, un Louvre à taille humaine, des levers de soleil grandioses et tout plein de choses dont je te parle dans ma ode à la ville de Lens. Aujourd’hui, j’y retourne avec toi pour te parler de deux sujets ô combien important dans la bourgade : le football et son stade Félix Bollaert-Delelis. Si tu n’aimes pas le foot, ne passe pas ton chemin. Je t’explique comment apprécier un sport où des mecs courent après un ballon pendant 90 mn.
2 semaines avant le match Lens-Valencienne
Je n’ai(me) pas de (les) bucket lists. Peut-être parce qu’à peu près tout m’intéresse dans ce vaste monde. Peut-être aussi parce que je passe mon temps à faire des to-do dans ma vie pro et que c’est amplement suffisant. En revanche, il est une poignée d’expériences auxquelles je rêve plus fort… Vivre un match au stade Bollaert-Delelis en faisait partie.
Aussi, c’est excitée comme un acarien au salon de la moquette que je réponds positivement à l’invitation de l’office de tourisme pour assister à un Lens-Valenciennes un beau matin d’avril de l’an deux mille dix-neuf. A l’époque, personne n’a entendu parler du virus à couronne et Lens est en D2. De mon côté, je sais déjà qu’il s’agira du match le plus cool de toute ma vie, dans le cadre d’un derby (championnat) du nord qui plus est.
2h avant le coup d’envoi au stade Bollaert-Delelis
La loi de Murphy marche dans les deux sens, ainsi la loi des séries peut être également en ta faveur. C’est ce que je me dis lorsque l’office du tourisme m’apprend que j’aurai droit en prime à une visite privée du stade avant le match.
Les couloirs sont encore vides lorsque je pénètre timidement sur les lieux, chaleureusement accueillie par plusieurs membres du staff. Entre deux anecdotes sur le club ou le stade, l’équipe me fait trottiner dans les antres de ce cher Felix. Je découvre que l’histoire du club est étroitement liée à celle de la ville depuis la création du Racing Club en 1906. Et que Monsieur Bollaert y est pour quelque chose. A l’époque, l’homme est directeur de la compagnie des Mines de Lens et voit dans le foot un bon moyen d’occuper ses troupes et d’éviter qu’ils lèvent les coudes et des barricades de grève. Après avoir offert une pelouse géante, il décide de donner moult sous au club et de financer en 1934 la construction d’un stade qui portera son nom… en toute simplicité.
C’est après la Première Guerre Mondiale que le club revêt les couleurs « Sang et Or » d’aujourd’hui, ceci en hommage à l’occupation espagnole du XVIIème. Rénové de fond en comble en 2015 pour accueillir l’Euro 2016, il a été rebaptisé Bollaert-Delelis en 2012 en hommage à l’ancien ministre et maire de Lens qui a sauvé le stade à la fin de l’exploitation charbonnière dans les années 60. Plus de 50 ans plus tard, l’engouement est toujours là et ce n’est pas les chants des supporteurs et supportrices (20% de femmes environ !) que j’entends au loin qui viendraient dire le contraire.
Malheureusement pour moi, les joueurs sont également arrivés au stade, aussi je n’aurai pas le bonheur de me balader dans leurs antres, au risque de déranger ces messieurs en pleine enfilage de tenues de combat. Heureusement pour toi, l’office de tourisme de Lens Lievin organise des visites des backstage ainsi qu’un tout nouveau escape game qui te demandera de sortir des lieux au plus vite. Le monde à l’envers.
1h avant le match de foot à Lens
Il est 20h, Lens s’éveille. 38 222 personnes (dont 14 900 abonnés) et moi-même nous pressons aux abords du stade Bollaert-Delelis pour prendre place. C’est un peu plus que la population de la ville, soit quelques 30 515 habitants en 2015. Ainsi, c’est tout Lens ou presque qui se retrouve pour supporter ses hommes et manger des fricadelles dans les tribunes. Les supporters sont si nombreux que Felix B-D est l’un des derniers stades de France où ils peuvent occuper une tribune latérale et sans siège.
Si je ne suis pas fan de la foule habituellement (euphémisme) je m’imprègne avec plaisir de la bonne humeur qui enveloppe les files d’attente. Quand soudain, une voix se fait entendre parmi le brouhaha des partisans Rouge et Or : « Est-ce que quelqu’un aurait perdu un téléphone » ? Pas besoin de vérifier dans mon sac pour intégrer en une microseconde qu’il s’agit du mien. Ni une ni deux, je récupère mon précieux et remercie cordialement mon sauveur en me disant que la loi de Murphy est définitivement de mon côté ce soir.
1 minute avant la rencontre Lens-Valenciennes
Armée de ma barquette de frites et entourée de joyeux lurons que je rencontre pour la première fois, je vis intensément Bollaert-Delelis. Je cris, je chante la lensoise (marseillaise revisitée), je mange, je me lève, je papote, j’insulte l’arbitre en lui expliquant le hors-jeu, je me rassois, je bois une gorgée de bière, j’en renverse une autre, je me relève. Il y a une ambiance pas possible, celle dont on me parle depuis que j’aime le football (depuis mon séjour barcelonais, ndlr) celle dont on me vante les mérites depuis que j’ai eu la bonne idée de mettre le pied à Lens.
« Si tu n’es pas allée à Bollaert, tu n’es pas véritablement allée à Lens » m’avait-on dit. « Il y a que quelques stades où il faut avoir vu un match, Bollaert en fait partie » avais-je également pu entendre lors d’une conversation entre amis. Quelques minutes après le premier coup de sifflet, je comprends l’engouement suscité par 45 sur 90 mètres de gazon. Mais si le terrain offre un divertissement non négligeable, c’est dans les tribunes que se situe véritablement le spectacle.
1 minute pendant le match du RC Lens
J’ai bien envie d’éliminer les quelques litres centilitres de bière descendus pendant la première mi-temps, mais je reste vissée à mon siège, le coeur battant. C’est maintenant que tout se joue, le clou du spectacle, l’apothéose du match avant le coup de sifflet final : c’est l’heure où tout un stade va rendre hommage à son saint patron. C’est alors que 38 222 personnes commencent à entonner le tube de Saint Pierre Bachelet. Il ne fait pas très froid ce soir là mais les poils de mes bras décident de se dresser et ma voix d’entamer le dernier refrain, comme pour faire honneur à cette soirée, à ce club, à ces supporteurs et à ce bon vieux Pierro.
Le match s’achève 45 minutes plus tard sans la moindre cacahuète dans la lucarne mais personne n’y trouve rien à redire. Si certaines défaites ont du mal à passer, celles du derby du nord avec les copains n’a pas le même goût amère. En 2011, les Boulonnais ont même chanté les Corons avec leurs collègues Lensois ! C’est dire l’ambiance de fifou qui règne à Bollaert.
En 2019, tout le monde ignore qu’un an plus tard, le RCL rejoindrait la cour des grands en D1 pour chanter les Corons devant des Neymar ou des Mbappé. A l’heure où je vous écris ces lignes, le Racing Club de Lens est 5ème du classement de division 1. Très beau parcours pour une bien jolie équipe.
1 jour après le match le plus cool de ma vie :
Le lendemain, la tête encore dans le gazon bollaertien, je n’en ai pas tout à fait terminé avec le RC Lens. Entre deux visites touristiques de l’ancien bassin minier, je rencontre deux Lensois pour qui Bollaert-Delelis a été beaucoup plus qu’un stade de foot. Mieux que toutes les apps de dating réunies, le stade permet parfois de chouettes rencontres comme celle d’Elsa et Pierre, deux fans de l’équipe de Lens et présidente de la section de supporteurs les Galiboys pour madame.
Tout de Sang et Or vêtus, ils me racontent les prémisses de leur histoire sur Internet et me présentent leur descendance. Leurs premiers échanges en ligne ? Des avis sur le Racing. Leur première rendez-vous ? La tribune du stade Bollaert. Ils ne s’étaient jamais vus, elle portait un pull gris. Depuis ils ont décoré leur appart aux couleurs de leur équipe fétiche et madame va travailler en vêtements rouge et or.
Des années après leur coup de foudre, le couple a fait un bon bout de chemin. Mariés et parents de deux ados de 12 et 16 ans, abonnées au club elles-aussi, ils ont monté leur propre business. Propriétaires d’un gite insolite, ils ouvrent leur porte à tous, qu’ils soient supporteurs de Lens ou du PSG ! Et ne manquent une occasion d’aller applaudir leurs joueurs dès que l’occasion se présente, en réel ou en écoutant la retransmission à la radio. Outre sa passion pour le football, Pierre est également un grand connaissance du patrimoine minier. Guide bénévole à ses heures perdues, c’est une vrai mine de savoir (désolée). N’hésite pas à lui poser toutes tes questions au sujet du club ou de la région.
Quant au stade, il a vu se former de nombreux autres couples, a accueilli des demandes en mariage à foison et doit même répondre à des requêtes surprenantes comme celles de répandre des cendres sur la pelouse !
2 ans après le match au stade Félix Bollaert :
Quelques 730 jours après cette soirée, j’ai toujours une pensée émue lorsque j’entends Pierro célébrer le nord et ses corons, que j’assiste à un match de foot, que je mange une barquette de frites, que je sens les effluves d’un maroilles déjà bien entamé ou que mes yeux s’attardent sur mon écharpe du club. Parce que jamais deux sans trois, d’eux sans toi cher Lens, je sens que l’on se reverra toi et moi pour la troisième fois.
***Assister à un match de foot au stade Bollaert-Delelis, mode d’emploi***
Pour aller à Lens :
* De Paris : Un train en gare du Nord et hop, à toi les Corons.
* De Bordeaux et autres villes de belle province : Tu devras la plupart du temps rejoindre Paris (TGV/avion/covoit) afin de prendre un train pour rejoindre cette chère Lens.
Pour assister à un match de foot au stade Bollaert-Delelis :
Les horaires ne sont communiqués que deux semaines avant le coup d’envoi. Pas facile de planifier sa venue le bon week-end, surtout quand on vient de loin et qu’on a l’obligation de s’organiser un minimum au préalable pour ne pas dépenser un rein et trois bras dans un billet de train (SNCF si tu nous lis).
Pour acheter sa place dans la tribune :
Contrairement aux billets de train, les tickets du match sont clairement accessibles. Compte de 12 à 42 euros selon les catégories. Le club propose également des tarifs spéciaux lors d’évènements avec des offres notamment lors de la Saint Valentin. Pour acheter ton billet, je t’invite à te connecter à la billetterie.
Pour que tes nuits soient douces :
* Pour dormir dans le gite insolite lancé par nos supporteurs du RC Lens : Gite de l’Ecole Buissonnière – 4 Square Henri Noguères, 62300 Lens. Tél. : 06 75 71 77 23
* Pour dormir dans un ancien coron devenu hôtel 4 étoiles : Hôtel Louvre Lens – 168 Rue Paul Bert, 62300 Lens. Tél. : 03 66 98 10 40. https://www.hotel-louvre-lens.com/fr
Pour que ta peau du ventre soit bien tendue :
* Pour manger polonais dans un décor de toute beauté : Comme Chez Babcia, 13 rue Decrombecque, 62300, Lens
* Pour manger local :
– La Loco : 105 Rue Jean Letienne, 62300 Lens. Tél. : 03 21 28 21 21
– Chez Cathy : 220 Rue Paul Bert, 62300 Lens. Tél. : 09 61 63 95 57
Un grand merci à Florence et l’Office du Tourisme de Lens Lievin pour l’invitation, ainsi qu’à mes comparses blogueuses du chouette collectif En France Aussi pour leur compagnie lors de ce très chouette week-end. Je reste comme à l’accoutumée libre de mon contenu et des avis exprimés dans cet article.