Last Updated on 28 octobre 2025 by Solcito
Il fut un temps ou la littéraire que je suis avait rarement la moyenne en SVT et autres matières scientifiques. Pour autant, je rêvais secrètement d’être astronaute (loupé). Quelques années (décennies) plus tard, me voilà au Futuroscope. Le parc a réussi là où des années de scolarité ont échoué : me faire aimer la science. Le Futuroscope, c’est cette idée géniale mais improbable : et si on transformait des concepts abstraits en attractions qui vous secouent et vous mettent des étoiles dans les yeux ? Spoiler alert : ça marche. Voici mon périple scientifique involontaire, attraction par attraction.






Les majors de promo
Les Yeux Grand Fermés : cours accéléré de neurosciences sensorielles
J’avais déjà testé le concept dans un restaurant et un spa. J’aurais désormais testé la version attraction. Durant cette expérience totalement obscure, on vous retire votre sens le plus précieux – la vue – pour vous faire expérimenter le monde autrement.
Résultat ? Une claque sensorielle qui vaut tous les cours de biologie. Ce tour de la planète express accompagné d’un guide (malvoyant) et de compagnons de fortunes s’effectue en fil indienne (ou en chenille, ce qui revient à peu près au même), les mains sur les épaules de son camarade de devant.
On y découvre que les autres sens compensent et que notre cerveau reconstruit la réalité à partir de bribes d’informations. Tout ça en se baladant dans le noir absolu avec des effets sonores et tactiles qui font perdre les repères. On a chaud, on a froid, on trébuche… mais on en redemande à la sortie. Ps : inutile de demander à voir le parcours, celui-ci reste secret.
L’attraction est la seule payante du parc et pour la bonne cause : les sous sont reversés à une association. Entrée adulte : 7 euros – Entrée enfant : 5 euros.
Vienne Dynamique : la géographie devient sexy
Qui aurait cru qu’on pouvait rendre la Vienne – le département, pas la ville – aussi sexy ? Le Futuroscope l’a fait. Malgré les les années, l’attraction qui a ouvert en même temps que le parc n’a rien perdu sa superbe. Installé dans un siège dynamique, on vole, tangue, plonge et virevolte au rythme des péripéties du héros (un futur marié qui saute d’un train pour rejoindre sa dulcinée) au coeur de paysages qui n’ont rien à envier à personne.
Tous les spectateurs (même ceux dont la géographie n’étaient pas la matière préférée) s’intéresseront à la topographie locale, à ses villages croquignolets, ses activités ludiques et sa campagne magnifique, survolée à toute allure. Comme quoi, l’intérêt pour un domaine ne tient à pas grand chose… Tout est dans la méthodologie !
L’info en + : des sièges fixes permettent de profiter du film, au cas où on ne peut pas être secoué (femmes enceintes, maladies, enfants, etc.)


L’Extraordinaire Voyage : Jules Verne likes this
Cette attraction vous embarque dans un tour du monde non pas en 80 jours mais en 4 minutes à bord du Skyloop, un vaisseau inspiré du voyage de Phileas Fogg de Jules Verne. On passe du Sahara aux pyramides d’Égypte, de Dubaï futuriste au Taj Mahal, de l’Himalaya au parc Yellowstone, le tout grâce à des portails de téléportation.
La prouesse ? Une plateforme de 84 places qui se redresse à la verticale, vous laissant les pieds dans le vide face à un écran géant de 600 m². On vole comme un oiseau, on frôle les gratte-ciels, et accessoirement, on apprend la géographie mondiale sans s’en apercevoir. Personnes sujettes au vertige… ne pas s’abstenir. Le jeu en valant clairement la chandelle.
On sort avec l’envie soudaine de voyager et avec cette question existentielle : pourquoi les cours de géographie n’incluent-ils pas de sièges volants ou des voyages à l’autre bout de la planète ?
L’info en + : Effets sensoriels embarqués – vent, bruine, froid, parfums – complètent l’immersion. N’oubliez pas votre petite laine.
Les Lapins Crétins : la physique pour les nuls
Soyons honnêtes : cette attraction n’est pas censée apprendre quoi que ce soit. Il s’agit d’une balade loufoque avec des lapins débiles qui font n’importe quoi dans le temps et l’espace. Et pourtant, entre deux gags absurdes où les bestioles à grandes oreilles détruisent l’histoire de l’humanité, on y aborde discrètement la gravité, les voyages dans le temps et même quelques notions de relativité.
Et de prouver que la science peut se glisser parfois entre deux pets de lapin. Et franchement, c’est brillant. On rigole beaucoup et on apprend un peu au passage. Si mon prof de physique avait eu recours aux Lapins Crétins, j’aurais peut-être eu la moyenne (ou pas).
L’info en + : Vous apprendrez toutes ces notions assis sur des toilettes dynamiques.



Chocs Cosmiques : astrophysique pour les âmes sensibles
Accrochez-vous : on va parler de la formation de l’univers. Oui, rien que ça. « Chocs Cosmiques » vous projette dans l’histoire du cosmos, du Big Bang aux premières étoiles, en passant par la formation des galaxies. C’est vertigineux, visuellement époustouflant, et étonnamment compréhensible grâce aux explications aussi claires que rigolotes de Lorànt Deutsch qui prête sa voix au docu.
Pour ceux qui pensaient que le Big Bang était le nom de série américaine, c’était révélateur. On y visualise tout un tas de concepts – l’expansion de l’univers, la formation des éléments chimiques, la naissance des planètes – d’une manière ludique et accessible.
À la fin, on se sent connecté à l’univers. Comme si comprendre d’où on venait donnait soudain du sens à tout le reste. C’est cosmique dans tous les sens du terme, et c’est exactement ce qui manquait à mes cours de physique.
L’info en + : l’attraction idéale pour faire un petit somme au chaud dans un siège tout confort et un décor de rêve. Idéal aussi pour un date si vous avez emmené votre crush avec vous.
Arthur, l’Aventure 4D : l’enfant intérieur et la curiosité scientifique
Arthur, les Minimoys, un parcours à sensations dans un monde miniaturisé avec effets d’eau, de vent et de mouvement : autant dire que cette attraction est avant tout pour s’amuser. Une cour de récréation entre deux cours ludiques !
Mais même là, subrepticement, on aborde les questions d’échelle, de proportions, de perspectives. Qu’est-ce que ça fait d’être minuscule dans un monde de géants ? Certes, ce ne sont pas des questions qu’on se pose consciemment pendant qu’on se fait asperger d’eau en poursuivant des insectes géants, mais elles sont là, en filigrane.
Et c’est peut-être ça, le génie du Futuroscope : même dans ses attractions les plus ludiques, il glisse toujours un petit quelque chose qui titille la curiosité.
L’info en + : Ici aussi, des sièges fixes permettent de profiter du film, au cas où on ne peut pas être secoué (femmes enceintes, maladies, enfants, etc.).

Illusio : quand la magie rencontre les neurosciences
On s’attendant à voir un spectacle gentillet de magie, du David Coperfield (les vieux comprendront) version 2025 : on est ressortis recouverts de mousse (je n’en dis pas plus), bluffés par la demi-heure passée en compagnie d’un magicien et de ses invités…
Le bien nommé « Illusio » ne se contente pas de vous montrer des tours de magie impressionnants et rigolos, il déconstruit nos perceptions, explique comment notre cerveau se fait piéger, révèle les biais cognitifs qui nous rendent vulnérables à l’illusion. On y apprend comment fonctionne l’attention sélective, pourquoi on ne voit que ce qu’on veut bien voir, et comment les magiciens exploitent ces failles… Une très belle surprise !
L’info en + : n’hésitez pas à faire votre photo-grimasse si vous souhaitez être en haut de l’affiche
Kinemax : l’Antarctique grandeur nature
Projeté sur le plus grand écran d’Europe au sein du pavillon Kinémax, Antarctica est un documentaire de 45 minutes qui en met littéralement plein les yeux. Vous nagerez aux côtés des phoques, survolerez les colonies de manchots et assisterez au plus grand rassemblement de rorquals jamais filmé.
Présenté en 3D IMAX Laser 4K, le film plonge dans les eaux glacées du continent blanc. On y découvre des phénomènes surprenants comme cette stalactite glacée, le « doigt de la mort », qui tue tous les organismes sur son passage. C’est fascinant, terrifiant, et plus captivant que n’importe quel cours de biologie marine.
L’écran géant de 600 m² transforme la salle en immersion totale. On comprend soudain pourquoi l’Antarctique joue un rôle vital pour notre planète, on saisit la fragilité de cet écosystème, et on ressort avec cette envie inattendue de protéger des manchots qu’on ne regardera jamais plus comme avant…
L’info en + : le film est projeté le matin, l’après-midi étant consacrée au film de Thomas Pesquet.
Les derniers de la classe :
Entre « Étincelle, la Malice des Robots » et « La Clef des Songes », on a eu droit à deux siestes culturelles : la première bien au chaud, la deuxième en plein air en plein mois d’octobre (#glagla). Etincelle, comme son nom le laisse supposer, n’est autre qu’un spectacle sur les robots qui ne révolutionne pas l’intelligence artificielle, mais qui offre au moins une pause bien méritée dans la journée.
La seconde, plus poétique, nous emmène dans le monde des rêves… sans forcément nous garder éveillés. C’est joli, un peu flou, et on retient plus les effets visuels que l’histoire dédiée aux minus. Le spectacle fera donc le bonheur des têtes blondes, rousses et brunes, pendant que leurs parents rêveront à un son et lumière tout simple !



Bonus track : l’Aquascope
Parce qu’un parc qui réussi à faire aimer la science ne pouvait pas s’arrêter en si bon chemin, le Futuroscope a ouvert en juillet 2024 l’Aquascope, son parc aquatique indoor de 7 000 m². Et évidemment, ce n’est pas un parc aquatique comme les autres.
Ici, l’eau rencontre les technologies numériques dans trois univers immersifs : les Abysses de Lumière avec mappings vidéo et effets d’eau chorégraphiés, l’espace Sensations avec 8 toboggans dont le rocket qui te fait partir quasiment à la vertical, ainsi que l’espace Enfants. Même dans une piscine, le Futuroscope ne peut s’empêcher de faire de la pédagogie déguisée.
L’Aquaciné vous plonge dans un bassin d’eau entouré d’un écran à 270 degrés pour un spectacle immersif. On apprend des choses sur la physique des fluides en se faisant éclabousser. C’est beau, c’est poétique, et c’est probablement la seule piscine au monde où on ressort en ayant compris quelque chose.
L’eau est maintenue à 29° toute l’année, ce qui est parfait pour continuer son éducation scientifique involontaire sans attraper froid. Parce qu’apprendre, c’est bien. Apprendre au chaud, c’est mieux.






Deux journées entre magie et apprentissage
En quittant le Futuroscope ce soir-là, j’ai réalisé quelque chose. Ce parc a réussi en un week-end ce que l’Éducation Nationale n’a jamais réussi : me faire comprendre et aimer des données scientifiques. Pas par obligation, pas pour avoir des bonnes notes, mais par pure curiosité devant la complexité du monde.
Le Futuroscope prouve qu’on peut s’amuser tout en apprenant et apprendre tout en s’amusant. Après plusieurs décennies de bons et loyaux services, le parc sait se renouveler en proposant chaque année (ou presque) des nouveautés. La preuve qu’il n’est jamais trop tard pour tomber amoureux de la science – à condition qu’elle soit servie avec des sièges qui bougent et des lapins crétins.
Prochaine étape : tester les attractions qui décoiffent le cerveau et les cheveux. A l’année prochaine !
Informations pratiques
Quand y aller ?
Le Futuroscope est ouvert toute l’année (horaires variables selon saison). S’il est plus agréable de crapahuter en extérieur quand la météo a décidé d’être clémente, certaines périodes automnales ou hivernales ont tout leur charme (coucou Halloween et Noël). Venir durant la semaine (hors vacances) permet en outre d’éviter la foule.
Comptez une journée complète minimum pour profiter des attractions principales, deux jours pour faire tout à son rythme. La réservation en ligne est conseillée pour esquiver les files d’attente à l’arrivée (sauf si vous arrivez vers 11h !). Des formules coupe-file (payantes) permettent d’enchainer les attractions sans faire la queue.






Où se garer ?
Il faut compter 12 euros la journée (gratuit pour les PMR) pour garer son bolide dans le parking du parc. Le parking du centre commercial voisin ou du palais des congrès (à peine plus loin) sont gratuits.
Où se sustenter ?
Le parc est truffé de restaurants et autres foodtrucks, il est donc facile de trouver nourriture à son estomac. Parmi les « testés et approuvés » par nos soins : l’Atelier des saveurs (mention spéciale pour les pâtes au saumon et le tartare de boeuf), le food court (burger simples mais efficaces) et Bermuda (à ne pas confondre avec le vêtement des années 90 – nourriture mexicaine originale).
Où faire le gros dodo récupérateur ?
Installé à la sortie du parc (à deux pas de l’Aquascope) la Station Cosmos permet de ronfler dans une base spatiale implantée sur la planète Kepler 442-b sans quitter la Vienne. Oui vous avez bien lu : vous dormez dans une cabine de vaisseau spatial en pleine campagne poitevine.
Mais le clou du spectacle, c’est le restaurant Space Loop attenant à l’hôtel. Après avoir commandé via des tablettes tactiles, vos plats s’élancent depuis le haut du restaurant sur un système de rails, enchaînant virages serrés et loopings avant d’arriver tout chaud sur votre table. C’est de la physique appliquée au service de votre burger. On se retrouve donc à manger un pavé de saumon-gratin de courgettes-pesto (délicieux) livré par gravité dans un décor de station spatiale. Si ce n’est pas la définition parfaite du Futuroscope – mélanger le ludique, le spectaculaire et (discrètement) l’éducatif – je ne sais pas ce que c’est.






