Tous les chemins mènent à Rome parait-il. Sache qu’il en va de même pour Rum, Wadi Rum. Le plus célèbre désert de Jordanie offre un paquet de routes et de curiosités géologiques assez grandioses. Paysage de carte postale, cette immense étendue de quelques 721 km² se partage entre (gros) rochers et sable fin. Un décor à couper le souffle qui a tapé dans l’œil de bon nombre de réalisateur de films. Seul sur Mars et Lawrence d’Arabie, ça te dit quelque chose ? Pour partir sur les traces de Matt Damon et de ce brave Lawrence, je suis montée dans la benz de la compagnie Wadi Rum Escape. Compte rendu de deux jours riches en émotions.
Wadi Rum Village, une nuit d’arrêt
Le soleil a déjà enfilé son pyjama lorsqu’on nous pénétrons à Wadi Rum Village. Après un rapide coucou, le bougre s’en va voir de l’autre côté du monde s’il y est (je te confirme qu’il y était). C’est donc au crépuscule que nous découvrons le bourg, dernière étape avant de quitter la civilisation pour deux jours. S’il ne s’agit pas du plus bel endroit de Jordanie , le village a le mérite d’accueillir quelques établissements en dur pour chouchouter les futurs Lawrence d’Arabie de Jordanie avant leur expédition.
C’est également le moment de recharger les batteries (au sens propre et figuré) et de goûter au meilleur sandwich au falafel du pays avant de s’enfoncer dans les méandres du désert. Tenu par un adorable cuisto d’origine égyptienne, le bouiboui fait de bric et de broc rempli nos estomacs avant un dodo récupérateur.
Départ pour le désert de Wadi Rum
Le soleil vient de se lever (faux, il a même déjà pris son petit déjeuner) encore une belle journée (vrai) et il va bientôt arriver l’ami Said qui sera notre guide pour les prochaines 48h. En grande forme, le jeune homme nous accueille avec le sourire et une jeep remplie de délicieux mets. Mais pour l’heure, c’est notre âme que nous allons remplir et non notre ventre.
Motivés à bloc, nous nous engouffrons à l’arrière de l’engin pour profiter cheveux au vent (et doudoune au corps) du décor. Bienvenue à Wadi Rum, une immensité de grés et de granit que nous avons contemplé des centaines de fois dans des films, blogs ou sites Internet, et que nous pouvons enfin admirer en sable, en pierre et en os. Terre de bédouins depuis des millénaires, elle porte la trace dans sa « chair » à même la roche via des milliers de pétroglyphes et inscriptions. C’est ce qui lui a value d’être reconnue au patrimoine mondial par l’Unesco s’il vous plait.
Découverte des spots stars de Wadi Rum
La matinée débute donc par la rencontre avec les stars locales installées à proximité les unes des autres : ici le temple nabatéen, là la source de Lawrence. Plus loin les dunes de sable rouge (1 km à pied, ça use les souliers. Autant les enlever et finir l’ascension à pied) et le canyon de Khazali. Pour terminer, Little Arch (que je parviens à dompter malgré mon vertige) et la maison de Lawrence.
Nous ne sommes pas seuls (coucou les touristes européens !) mais la période nous fait échapper à la foule et ce n’est pas pour nous déplaire. Au milieu de ce sable aux accents orangés, la vie semble s’être frayé un timide chemin au coeur d’un univers hostile. Quelques arbustes montrent fièrement que eux aussi sont les patrons.
Toutes ces beautés, ça creuse. Said nous débusque un petit coin pour une pause casse-croute. Le déjeuner sur le pouce se transforme en repas 5 étoiles à base de ratatouille, maïs, olives, sardines mais surtout vue sur les géants de pierre. S’ils ne parlent pas, il ont fier allure et nous protègent du soleil comme ils peuvent.
L’après-midi nous fait repartir sur les chapeaux de roues (de jeep) avec les autres vedettes du coin : le surprenant Mushroom Rock, le pont Burdah Rock, le canyon Abu Khashabah que nous traversons à pied et le pont Um Frouth Rock que je préfère contempler d’en bas.
Les heures défilent et il est déjà temps de saluer le soleil qui est pressé d’aller faire un gros dodo. Rendez-vous à Um Sabata pour regarder l’astre royal prendre congé avant de rejoindre le camp pour partager des anecdotes avec les autres voyageurs et un dîner traditionnel Zarb cuit dans le sable. Mention très très spéciale pour le poulet et la spécialité à base d’aubergine (oh j’en rêve encore comme dirait un certain G. de Palmas).
Ici point de tapis de sol et de toiles de tente mais des petites cabanes avec lits, et des sanitaires avec douches et toilettes. Note que l’on peut aussi bivouaquer si on le souhaite. Un dernier salut aux étoiles qui nous le rendent bien et la nuit peut commencer.
« Quand t’es dans le désert* »
La nuit tous les chats sont gris et le ciel aussi. Mais ce n’est pas un motif valable pour nous décourager à sortir du lit à 6h. Le but : choper ce foutu soleil avant qu’il n’émerge au dessus des rochers et observer la variation de couleurs dansant sur les montagnes. 1h30 d’attente plus tard, il est enfin là… Ce qui n’est pas le cas de nos doigts engourdis par le froid. Il aurait plus utile de se lever autour de 7h donc…
Après un bon petit-déjeuner au camp, nous repartons en vadrouille accompagné de notre guide et d’une petite famille de Slovènes. A la question : peut-on partir avec un enfant de 2 ans dans le désert de Wadi Rum, la réponse est oui si la logistique et la surveillance d’un minus dans un désert ne t’effraient pas.
* Je t’invite à découvrir ici ce magnifique morceau
Seuls au monde à Wadi Rum
Le premier arrêt nous mène à l’entrée du canyon Um Muqur. Une grande dune attend nos exploits en surf des sables mais cela pour plus tard et ailleurs. Il est préférable de réveiller convenablement les esprits et les corps encore endormis.
Direction Wadi Noughra pour observer la somptueuse vue panoramique sur les dunes. Encore une fois, on ne sait où donner du regard tant les paysages sont tous plus splendides les uns que les autres. Mais surtout, nous sommes seuls sur Mars dans le désert. Bon nombre de touristes optent pour l’excursion à la journée, aussi la deuxième partie du voyage s’effectue en tête-à-tête avec le désert pour les chanceux qui ont réservé une virée de 48h. Un conseil donc : prévoir deux jours minimum à Wadi Rum.
L’heure de surfer sur les dunes a sonné. Un à un, nous nous installons assis sur le surf afin de dévaler plus ou moins vite (ahem) la pente de sable pour tenter d’atterrir dignement devant l’auditoire… puis de remonter la montagne de sable avec style. C’est peine perdue pour moi qui rame à gravir le sable avec l’engin de 10 tonnes (au moins) à la main.
Après cette magnifique prestation, nous partons explorer Wadi Sabat, un lieu historiquement utilisé pour les festivals et le stockage de nourriture, avant de retrouver celle (de nourriture) concoctée par Saïd. Si le spot a changé, il reste aussi spectaculaire que la veille. Après le déjeuner, nous errons entre les massifs qui nous font sentir toujours aussi minuscules.
Après une marche digestive à la recherche de coins cachés ou de rochers à escalader, il est temps d’entamer la dernière partie du voyage : une marche dans le canyon dans la région d’Um Ghada, suivie d’un arrêt pour observer deux nouvelles arches et une citerne de stockage d’eau où viennent s’abreuver un troupeau de dromadaires assoiffés.
Cette rencontre impromptue sera la dernière de cette incroyable épopée en compagnie de Saïd et de nos nouveaux amis slovènes. Et de profiter de nos derniers instant à décoller à l’arrière de la jeep avant le retour à la réalité. Du Wadi Rum, des hommes et de pierre non de dieu ! Si tous les chemins y mènent nous y reviendront.
Désert de Wadi Rum, partie pratique
Comment rejoindre Wadi Rum ?
Un avion et une voiture sont indispensable pour pouvoir vivre cette expérience unique. La première étape pourra être effectuée avec Transavia au départ de Paris. La compagnie low cost d’Air France propose des vols directs à destination d’Amman (bientôt d’Aqaba). Compte autour de 4h30 pour l’aller et plus de 5h pour le retour.
Pour la voiture, je te conseille de faire appel à BSP auto, un comparateur en ligne qui permet de comparer les offres des différents loueurs présents sur place. C’est le seul site français dédié à la location de voitures avec une équipe basée à Paris et dispo 7 jours/7. Si comme nous, l’agence est à l’extérieur de l’aéroport, un membre de l’équipe viendra te chercher pour t’y déposer. Un petit conseil : surveiller en amont les assurances inclues dans le contrat.
Combien coûte l’accès à Wadi Rum ?
Rien du tout si tu as le Jordan Pass. 5 JOD si tu ne l’as pas. Quoiqu’il en soit il faudra faire un stop au visitor center pour régler ou faire tamponner ton sésame.
Pour que tes nuits à Wadi Rum soient douces :
Difficile de s’y retrouver parmi les différentes offres proposées par le grand site de loc’ ou même sur l’ami Google. Aussi, je te conseille de réserver dans le bed et breakfast de Souleiman, un hébergement simple mais fonctionnel. La nuit dans le désert sera ensuite organisée par ton voyagiste.
Pour que ta virée à Wadi Rum soit réussie :
Les agences sont très nombreuses à proposer leurs services aux voyageurs néophytes. Impossible pour un touriste de se balader seul dans sur les terres wadi rumiennes. Mieux vaut réserver à l’avance via Internet pour faire sa petite étude de marché et booker auprès de l’agence de son choix. De notre côté, nous sommes passés par l’agence Wadi Rum Escape et nous avons été ravis. Tout était inclus, des bouteilles à l’hébergement. Note que les excursions peuvent également être faite à pied, à dos de dromadaire ou à cheval ou un mix de voiture et de rando.